Par Laton :
Je suis rapporteur. Derrière ce terme commun se cache en fait une
lourde mission confiée par mon Clan : Je me dois, à l’instar des
nombreuses Cassandre des siècles passées, prévenir l’humanité de ce
qu’il risque d’avenir si elle ne prend garde. Je fais partie du clan
Ihnus, c’est donc ainsi qu’il est d’usage de me nommer, mais puisque
vous et moi allons vivre une expérience rapprochée, je vais vous
livrer mon nom d’appellation d’origine contrôlée : il s’agit de Kos.
Afin d’ajuster votre connaissance et de toucher votre pathos, je vous
livre également une photo de moi. Ne vous méprenez pas, cette photo
reflète bien la réalité, n’allez pas chercher quelques effets
dissimulés par je ne sais quels traitements, la réalité est bien que
je ne possède pas encore de visage entier. En effet, je ne suis
rapporteur que depuis ÿ peine un plus qu’un radis. Excusez moi, vous
n’êtes peut être pas au fait des systèmes de mesures temporelles de
mon monde, il me faut donc vous expliquer la chose suivante : mon
peuple a pour légume-totem le radis, ce légumineux qui nous
caractérise tous (d’ailleurs n’ai-je pas une mine radieuse sur la
photo ?). Notre échelle de référence temporelle est donc le temps de
gestation du radis, or ce temps de gestation ramené à votre année
révolutionnairement terrestre s’énonce par le coefficient d’1.4, soit
1.4 radis-an. Ce qui fait que mon degré de rapporteur actuel est
d’environ 80. On estime qu’un bon rapporteur se doit d’être droit pour
prétendre être à l’équerre, ce qui est réalisé au 90ème degré. Je vous
sens perdu, laissez moi vous précisez ce qu’est plus précisément un
rapporteur. Je vis dans un monde parallèle au votre, comme il en
existe de nombreux autres, tous parallèles. Chacun possède son propre
temps, et comme vous avez pu vous en rendre compte tout à l’heure,
notre temps passe plus vite que le votre, ce qui fait que nous sommes
constamment en avance sur vous, ce qui se résume ainsi : nous
connaissons votre futur, mais nous ne pouvons connaître le nôtre. Face
aux atrocités que nous voyons apparaître au fur et ÿ mesure que nous
avançons, mon peuple a pris conscience qu’il était de son devoir de
rapporter le futur aux mondes parallèles aux temps inférieurs au
notre. Vous faîtes partie de l’un d’eux. Or vous n’êtes pas sans
savoir que deux droites parallÿ¨les ne se croisent jamais. Pour qu’il
puisse donc y avoir rencontre, il faut donc qu’un élément se détache
de la première droite pour aller rejoindre la seconde. Il s’agit des
rapporteurs. Chaque être de ces mondes est poussé par l’ineffable
poussée temporelle de vivre selon la droite sur laquelle il vit. Les
rapporteurs ont pour apprentissage de s’éloigner de cette droite, et
plus leur degré évolue, plus ils seront ÿ même de pouvoir prévenir le
monde intercepté à temps. L’équerre représente le degré ultime. Moins
que l’équerre, et vous arriverez trop tard. Plus de l’équerre, et vous
arriverez également trop tard car votre voyage aura été plus long,
alors même que vous pensiez viser un passé plus lointain. N’étant que
du degré 80, je ne peux donc pas encore intercepter votre monde dans ma
totalité, ce qui explique ce visage partiel. Je dois à présent vous
laisser, la topologie de votre espace ne m’est pas suffisamment connu
pour pouvoir rester plus longtemps. Mais je reviendrais une fois ma
formation achevée, souvenez vous de moi : Kos, Ihnus, rapporteur de
80ÿ°, soit 1.4 radis-an !
Par Isa:
Artificiels, on dit J’en étais à mon 6e verre d’absinthe, Mon 2e cachet d’ecstasy, Et croyez-moi c’était le paradis, J’étais en plein arc en ciel, Des licornes, des dragons, Des oiseaux – des ailes, des ailes ! Et puis, j’ai senti la morsure, le froid, la lame, Assailli de toutes parts, je n’avais d’autre choix que l’exil, J’implorais les dieux, les ânes, les imbéciles. Je marchais un œil droit dans le nombril, Un pied dans le trottoir, Un banc public m’offrit l’asile. Mon banc, ma belle, Des couleurs, des voyelles, Un singulier, des pluriels ! O Morphée, ramasse-moi à la pelle….
Artificiels, on dit
J’en étais à mon 6e verre d’absinthe,
Mon 2e cachet d’ecstasy,
Et croyez-moi c’était le paradis,
J’étais en plein arc en ciel,
Des licornes, des dragons,
Des oiseaux – des ailes, des ailes !
Et puis, j’ai senti la morsure, le froid, la lame,
Assailli de toutes parts, je n’avais d’autre choix que l’exil,
J’implorais les dieux, les ânes, les imbéciles.
Je marchais un œil droit dans le nombril,
Un pied dans le trottoir,
Un banc public m’offrit l’asile.
Mon banc, ma belle,
Des couleurs, des voyelles,
Un singulier, des pluriels !
O Morphée, ramasse-moi à la pelle….