Le coucher de soleil a beau battre son plein et briller de ses mille feux, ce n’est pas le sujet de cette photo. Evident? Alors pourquoi donner plus d’importance au 20h qu’à ce bouquin qui traîne sur votre table de nuit depuis des lustres?
Pour Régis Debray, “La secte littéraire est mal vue, mais elle voit plus loin que les hypnotisés de l’image. Le temps a ses vaincus, ceux qui lui courent après, sur les covers, au hit-parade. Et ses vainqueurs, ceux qui lui tournent le dos, les gris artisans du mot juste. A eux le rebond des renaissances posthumes, à eux la belle vie, la vraie. Un pari encore assez plausible pour sauver de l’écoeurement les déprimés du Nouvel An.”
Notez aussi la superbe pique “Le tout-à-l’ego ne fait pas l’affaire du développement durable.”, n’est-elle pas somptueuse?
(source lien)
Très chouette texte, merci de dire des choses comme ça… juste un impression de respirer
J'aime beaucoup la dernière phrase. C'est une façon élégante de nous alerter, même s'il y a fort à parier qu'assez peu de nos concitoyens ont lu (et digéré) l'article de Régis Debray qui invite à plus de réflexion. “Le tout à l'égo” serait-il une (ou la principale) référence transcendante de la société moderne à laquelle nous appartenons? Si l'homme est son propre Dieu, le développement de l'égo devient-il notre seule et unique référence “sacrée”? Le “Moi je”, être son propre Dieu? On peut seulement conclure que la réflexion est ouverte et ne sera jamais fermée. On peut aussi (re)lire du Régis Debray.
Tel que je l'ai compris, l'artiste acceptait jusque là ce qu'il appelle le dédoublement du corps: le privé (et donc l'ego) reste un simple homme de chair qu'on enterre dans son petit village natal, tandis que l'artiste est une figure imaginée par le public, et qui a sa vie propre.
En essayant de réunifier les deux, on perd sa vie privée, et on perd la dimension historique au profit d'un sensationalisme (culture du scoop) et d'une mise en scène permanente plébicités par un public qui s'est détourné des livres pour l'immédiateté de la télévision.
Mais je peux me tromper. 🙂
Tout à fait d'accord l'artiste ! Goon n'est pas Olivier, Jug n'est pas Julien, etc…
Mes chers amis et artistes penseurs, les temps changent et il faut se préparer à une civilisation nouvelle où la 'culture du scoop' est l'opium du peuple. La vie privée est déjà un concept fumeux au regard de tout ce que le web et la télé réalité peut nous offrir sous les applaudissements du public avide. Et parmi les 18 millions d'électeurs du Président, je parie sur un % assez faible de lecteurs de Régis Debray, d'Edgar Morin ou de Jaurès (bien que je ne dispose pas de preuves chiffrées). Je suppose que l'on pourrait appliquer cette même remarque aux électeurs “de gauche” qui n'échappent pas à la règle de “l'immédiateté”. Je suis sûre que la télé amène une certaine paresse intellectuelle et un état passif qui n'est pas compatible avec l'action de lire un livre. On ne peut pas généraliser ce constat à l'ensemble de la population sans avoir connaissance d'études plus poussées, cependant on sait que la télé est un loisir beaucoup plus présent que la lecture d'un livre dans la plupart des foyers (3h/jour en moyenne). Mais n'ayez crainte, tant que nous respecterons “les racines de la France”, “fille aînée de l'Eglise”, racines qui “sont essentiellement chrétiennes” tout ira bien. Nous entrerons dans l'espérance et resterons dans le droit chemin. L'égo s'effacera pour laisser place à un humanisme religieux, centré sur la différence entre “le bien et le mal” que seul le curé et le pasteur peut nous apprendre. ça c'est ce que j'appelle une révolution de civilisation.
http://www.liberation.fr/actualite/societe/304213.FR.php
Hmmm, comme je n'aime pas l'amalgame, permet moi de te répondre par cette petite pique: si je t'offre un bouquin sur l'économie et les marchés financiers, tu l'auras lu dans les 2 mois n'est ce pas? 😉
Non…parce que j'ai encore un semestre de civi et littérature anglo-américaine à m'avaler !!… + toutes les oeuvres au programme…Mais cet été, no soucy ! Pour ton information, j'ai déjà lu mon quota de bouquin d'économie et de finances pendant 4 ans d'études sup… (Pardon pour cet apparté qui n'a pas d'intérêt bloguesque).
Ok, l'exemple est mauvais (pas de bol), mais ce que je voulais dire c'est que toute lecture (meilleur exemple: le magazine gala) n'est pas forcément meilleure qu'une émission télé (au hasard le dessous des cartes sur arte) et qu'une lecture intéressante n'est pas forcément adaptée à n'importe quel public.
Seul la soif de connaissances et l'exigence envers soi-même est important dans cette histoire; c'est d'ailleurs le côté 'actif' dont tu parlais.