A peine remis des images filmées sans complaisance dans les bidonvilles de Bombay (Slumdog Millionnaire), District 9 nous débarque à Soweto en charmante compagnie de crevettes extra-terrestres d’1m80 – extra-pauvres, extra-crades et extra-violentes plus par leurs conditions de vie que par nature.
Si le vaisseau spatial flotte bien dans les airs, l’ovni principal reste le film lui même – scénario aux antipodes des standards hollywoodiens, personnages principaux assez antipathiques, cadre polémique mais histoire sans prétention politique, début filmé en mode documentaire et le reste sous forme de course poursuite (cadencée au rythme du processeur qui a servi à faire les effets spéciaux).
Les crevettes ont beau arborer un vague air de famille avec le predator, le seul chasseur est bien l’humain. Et qu’on ne s’y trompe pas, le militaire hargneux n’est que l’arbre qui cache la forêt des masses hystériques qui veulent la disparition des bestioles – et surtout ne pas savoir comment elles disparaitront. Après tout, c’est bien à ça que servent les élus, à faire le sale boulot à notre place.
Personnellement j’ai pensé aux images des camps de réfugiés du Darfour et de Palestine, mais surtout à ces réfugiés climatiques dont on parle surtout au futur dans les médias. Wikipedia fait pourtant déjà état d’événements passés clairement liés à la montée des eaux [(lien)](http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9fugi%C3%A9_%C3%A9cologique). Je ne suis pas tombé très loin de la cible, voilà ce que le réalisateur – du haut de ses 27 ans – disait récemment aux inrocks:
“Ce qui m’intéresse, c’est le destin de la planète et du genre humain. Ma vision des cent prochaines années n’est pas bonne. Je pense que tout pourrait s’écrouler et cela fait forcément son chemin dans le film. La population augmente de manière exponentielle tandis que les ressources diminuent. Les êtres humains sont comme tous les mammifères, ils protègent les leurs. En plus, ils ramassent autant d’argent qu’ils peuvent. On est la seule espèce capable de se détacher de l’animalité, mais on n’y arrive pas vraiment…” [(lien)](http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-article/t/1253020860/article/ditrict-9-le-carton-1/)
L’homme n’a plus de prédateur depuis longtemps. Sauf lui-même.
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