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ne broutons pas notre plaisir

ne broutons pas notre plaisir

26 December 2007

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Réflexion du jour: si c’est le vendeur et le publicitaire qui sont les plus intéressés – dans le sens où leur paye est de plus en plus souvent proportionnelle au nombre de produits vendus – par rapport à l’ingénieur ou même le chercheur, cela dénote surtout du caractère superficiel du consommateur. Parce que ce consommateur refuse de se pencher sur le détail technique de son achat, il laisse donc volontairement son choix se porter sur sa perception de l’image du produit. C’est par conséquent la fabrication de l’image qui représentent le métier stratégique de l’entreprise.

Le même raisonnement s’applique aux médias. La majorité des téléspectateurs, par exemple, veulent un contenu simple leur permettant de se vider la tête, en
prétextant qu’il y a bien d’autres moments que maintenant pour réfléchir et se cultiver. Occasion qui ne se présente que très rarement au final, si on y met pas plus de volonté que çà.

Quelle fût alors ma surprise de trouver cette même opinion mais cette fois appliquée à la stratégie de la guerre! Dans un langage un poil alambiqué (lien), on y explique que l’effort est de moins en moins mis sur la logistique, et de plus en plus sur la narration, soit la communication,
soit encore la force de persuasion.

La guerre est due au manque d’effort de s’informer de l’américain moyen,
qui préfère céder à la peur aveugle, de même que les médias évite le débat pour focaliser polémique et sensationnalisme par la faute d’un médiaphage nourri au pré-digéré, et de pour la même raison l’innovation cède le pas au marketing à cause d’un consommateur incapable de s’attacher au mat pour ne pas céder au chant des sirènes.

Lorsque nous sommes moins exigeants vis-à-vis de nous-même, nos objets quotidiens suivent à la baisse. “Parce que je le vaux bien”.

Pourquoi fermons nous les yeux? Ne broutons pas notre plaisir, nous sommes comme tout le monde: grégaires.

  • Model Name: DYNAX 5D
  • Date: 2007:12:26 14:47:31
  • Exposure Program: Normal program
  • Exposure Time: 1/250
  • F Number: 2.8
  • ISO: 160
  • Focal Length: 105
  • Exposure Mode: 0

12 comments

  1. Ce n'est pas comme si je ne m'attendais pas ce genre de réponse. Tu me pardonneras le ton sec, vieux frère, mais l'éducation par soi-même commence par exemple ici (lien, et trouver le temps revient à mettre des croix là-dedans (lien.
    Le tout sans avoir à faire le moindre effort musculaire, à part appuyer sur “power” et poser son cul sur sa chaise.
    Ma réponse tombe comme un couperet, avec mes excuses les plus sincères à ceux qui auront laissé traîner leurs doigts par là: il faudrait surtout que le peuple ait moins de mauvaise excuse…

  2. Ça fait du bien de te lire, souvent avec les copains du ciné-club en voie d'extinction et où les plus jeunes collègues ne viennent pas (ils préfèrent les blocksbusters aux films qui font penser, alors si en plus il y en a en noir et blanc et en V.O. …), on se sent comme des dinosaures a vouloir encore utiliser notre temps libre à des trucs culturels et de réflexion.
    Cela dit, les gens en moyenne me semblent davantage qu'avant essorés par leurs journées de travail + transports. Il fut un temps où être sérieux suffisait. A présent il faut être performant, on est évalué sans cesse et prié d'enfoncer le voisin sous peine d'être éjectés. De plus on devient “vieux” de plus en plus jeunes (d'un point de vue salarial) alors que les espoirs de retraites s'éloignent. De quoi, épuisés, faire le mouton vautré devant sa télé.

  3. Judicieuse réflexion.
    Si seulement la masse informe et moutonnante du peuple pouvait redevenir lucide l'espace de quelques secondes …

    Sais-tu, pour appuyer tes dires, que dans le prix d'un parfum le contenu et le contenant ne représentent que 5 à 10% ? tout le reste est du marketing et de la publicité (à part sans doute les 3% du CA consacrés à la recherche …). Cela signifie que le peuple est encore plus “bête” que tu le soulignes puisqu'il accepte de financer son propre bourrage de crane.
    Un peu comme si un torturé payait ses outils au tortionnaire ainsi que la location de son cachot !

    Voici une lecture certes un peu compliquée mais édifiante sur le sujet : Le traité de la servitude libérale, par Jean-Léon Beauvois.

    Une dernière remarque : l'intelligence et la créativité des enfants se développe le plus dans les moments où ceux-ci s'ennuient, c'est à dire dans les moments où ils ne sont plus assaillis par les innombrables tentations de la vie moderne : télé, radio, ordinateur, jouets, téléphone etc etc
    Crois-tu qu'ils aient encore de tels moments de “repos” aujourd'hui ?
    Je ne suis pas encore tout à fait un vieux con mais je me souviens que dans mon enfance, je passais des moments interminables à me demander ce que j'allais faire ? c'est aujourd'hui que je comprends la richesse de ces moments.

    J'ignore où tu es allé cherché cette réflexion du jour mais merci ! 😉

  4. gilda: Très vrai, mais ne pas oublier que le divertissement ne veut pas dire débrancher le cerveau, cela veut simplement le faire travailler sans pression sur autre chose. On a pas tous les jours envie de se faire agresser émotionnellement en regardant un David Lynch, mais ignorer tout ce qui ne nous brosse pas dans le sens du poil n'est pas non plus une solution.
    photigule: Le consommateur accepte même de payer sa propre désinformation sur les risques de cancer associés à l'isolation par chère (amiante), à la mal-bouffe, ou à la sur-consommation d'alcool (débat invariablement non chiffré en quantité d'alcool par semaine). Voire à ce sujet le billet chez Obni:
    http://www.obni.net/dotclear/index.php?2008/01/24/932-epidemiologie#co
    A tous les trois: Merci infiniment pour vos réactions mesurées, je regrette d'être aussi vindicatif et provacateur. D'après vous, quelles actions pour remettre nos proches en marche?

  5. “Remettre nos proches en marche?” : Question délicate, qui sous-entend un Bon Chemin. Je propose humblement de montrer l'exemple (ou bien *un* exemple, car bien rares sont ceux qui peuvent se vanter d'être exemplaire) et ne pas contraindre ni juger, ceux qui en apparence ne s'impliquent pas autant. “You can't change the world / But you can change the facts / And when you change the facts / You change points of view / If you change points of view / You may change a vote / And when you change a vote / You may change the world” (Martin Gore [Depeche Mode] – New Dress)”. Une petite phrase de quelqu'un moins actif peut déclencher plus d'action chez d'autres. Mais je ne vais partir dans un délire sur la convergence du bordel ambiant.
    Plus concrètement, je crois plus aux réflexes qu'aux bonnes résolutions. Je crois aussi que la superficialité n'est pas si condamnable que cela, car de toute manière elle existe. Personnellement, je regarde beaucoup plus attentivement les inscriptions sur les emballages ces derniers temps par exemple (provenance, matières premières, conditionnement,…), notamment la nourriture. C'est une humble démarche de ma part. Mais pourquoi ? A cause de mes lectures, des remarques de mes proches (blog, compagne,…), peut-être même à cause de certaines émissions de TV (que je ne regarde pas beaucoup pourtant), voire à cause du marketing superficiel lui-même lorsqu'il est à bon escient (logo bio, logo équitable, conditionnement en papier plutôt que plastique,… tout cela est hautement discutable… mais c'est déjà ça). Et même si finalement les démarches sont moins belles qu'on le voulait ? Le papier est plus écologique que le plastique, mais il est aussi plus beau et accrocheur, superficiellement authentique, il crée du désir, de la consommation et j'achète donc celui-ci plutôt que celui-là. J'ai cédé au marketing une fois, et je vais céder une 2ème fois en faisant du tri sélectif, parce que c'est “in”, si je ne trie pas je ne serai pas un bobo, je serai naze… Suis-je alors un consommateur écologique par superficialité ?
    Et je prend l'avion pour partir à Barcelone, j'use du gazoil, etc… J'aurais pu prendre le train ? Quel est ma contribution au réchauffement climatique en embarquant à bord d'un avion qui serait parti quand même, même pas plein, par rapport au transport de marchandises au niveau mondial ? Je vais passer plus de temps avec des amis, je vais sans doute partager de la bonne humeur, me sentir un peu européen, je vais rendre mon cerveau plus apaisé et donc par la suite peut-être un peu meilleur consommateur à l'occasion ? Je vais aussi rapporté des produits du terroir sans doute, et contribuer à l'économie locale du coup. Regarder la TV aurait moins pollué, qui sait ?
    Toutes ces questions ne font pas avancer le chmilblick, mais seront – j'espère – un commentaire pas trop bref et pas trop con (?), que nous poursuivrons bientôt autour d'un verre (jeudi).
    Dernière remarque : “Il fut un temps où être *sérieux* suffisait. A présent il faut être *performant*.” est une remarque de Gilda qui me semble très très pertinente. On aborde un tout autre sujet, qui ferait un excellent thème de billet à l'occasion.

  6. Je ne réponds dans ce fil qu'à ta dernière remarque (sérieux/performant), nous discuterons du reste de visu.

    La mode du performant est une connerie. Sous couvert de pouvoir prouver par des indicateurs chiffrés qu'on fait bien son boulot, on en vient surtout à sous-estimer la confiance mutuelle (que j'assimile au sérieux). Et comme toute mode, elle passera, quand on aura découvert les situations acabrantesques qu'elle induit (qui a parlé de cet avocat en france depuis 30 ans à qui on demande de partir pour prouver que le préfet fait bien son boulot de remplissage de quotas? 🙂

  7. Et vive le camembert au lait cru ! (sourires).
    De plus en plus de gens s'interrogent. J'en suis ravie. C'est p'têt le signe qu'un grand changement est en marche.
    Et puis, il y a tout de même des émissions intéressantes à la télé, mais pas en priiiime tiiiiime, ça c'est sûr.
    Chouettes photos, je repasserai farfouiller plus longuement. ^o^

  8. Chaperon Rouge: Merci et bienvenu, je suis bien d'accord que quelque chose se passe, et c'est le bon moment pour tranformer interrogations en curiosité active.

    Superbe illustration ce matin à la radio: le blockbuster Asterix aux jeux olympiques ne reçoit pas l'accueil qu'il attendait. Malheureusement pour l'honneteté intellectuelle, France Info se voit annuler toutes ses interviews d'acteurs parce que sa critique n'est pas suffisament positive.

    Une chose est sûre, je n'irai pas le voir, c'est bien la seule chose que je puisse faire à part dénoncer du haut de mon tabouret! 😉

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